Le journal extraordinaire d’une danseuse tunisienne / 59

J’avais dû faire le tour du théâtre en quelques secondes ! Ouf ! Heureusement, j’étais arrivée à temps et même un peu en avance, juste assez pour pouvoir inspecter l’état de mon tutu qui n’était pas très fameux, des fils sortaient de toutes le directions ! Alors que j’essayais en vain de les remettre en place, j’entendis mes amies derrière moi chuchoter : «  Oh la pauvre, elle a du se faire mal ! »  « Elle a dû avoir la honte de sa vie, je ne voudrais pas être à sa place ! » Je leur demandai de suite : «  Mais qu’est-ce qui s’est passé ? De qui parlez-vous ? » Elles se retournèrent toutes vers moi les yeux grands ouverts, comme si j’avais raté la nouvelle du siècle ! «  Mais tu ne l’as pas vue ? Pourtant elle était à côté de toi pour la fin du rêve! me répondit Cyrine, c’est Leila, elle est tombée sur scène !  Elle n’arrête pas de pleurer depuis !» J’avais du mal à y croire ! Comment n’ai-je pas pu m’en rendre compte ?! En même temps, ça aurait été un peu difficile que je me rende compte de quelque chose puisque je n’arrêtais pas de courir depuis que j’étais sortie de scène!

«  Mais, où … où est-elle, bégaya-je, je dois la voir ! »

Et c’est à ce moment précis que le rideau a choisi de se lever et que la musique retentit. Je jetai un dernier coup d’œil vers les coulisses dans l’espoir d’apercevoir Leila mais rien, aucun tutu orange n’apparaissait. Ainsi, j’entrai sur scène, un sourire forcé sur le visage, et je commençai à dessiner une ligne puis un cercle qui se referme petit à petit sur lui-même, le tout en commençant par des pas lents puis de plus en plus rapides jusqu’à ce que je me retrouve au centre en train de tourner sur moi-même. Une fois les dernières élèves arrivées, on se divisa en deux afin de créer un passage pour laisser passer les personnages principaux, Clara, le Casse-noisette…etc.

Pendant tout ce temps là, je ne pensais qu’à une seule chose, qu’à une seule personne, Leila, mais je ne la voyais nulle part ! Peut-être qu’elle n’avait pas fait le final !

A suivre …

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Le journal extraordinaire d’une danseuse tunisienne / 58

Cette fois-ci, à notre sortie de scène, on ne s’était pas enfuies en courant pour une fois, on avait eu le temps de reprendre notre souffle tranquillement et regarder Leila dans la danse espagnole. Elle était juste magnifique ! Dès qu’elle sortit de scène, je l’ai prise dans mes bras pour la féliciter, elle avait vraiment assuré ! C’était la meilleure, pas seulement dans la danse mais dans tout, tout ce qu’elle faisait, c’était aussi la meilleure de toutes les amies que je n’ai jamais eu. Elle était toujours là, à mes côtés pour me supporter lorsque j’avais besoin d’aide.

On termina par la fin du rêve où tous les solistes faisaient leur chorégraphie en même temps sur une musique lente, et à la fin, Clara se réveillait et s’apercevait que tout ce qu’elle avait vécu n’était qu’un rêve et on disparaissait petit à petit.

Mais après la fin du rêve, il y avait le final! D’habitude, chaque grade, des plus grands jusqu’aux plus petits, venait faire sa révérence et se mettait sur le côté, mais comme c’était toujours une catastrophe et que c’était super mal organisé car ce n’était vraiment pas évident de répéter avec l’école entière, cette année, on opta pour quelque chose de bien plus simple. On se tenait toutes les mains des grandes aux plus petites, et on faisait un grand escargot. Pour être plus claire, on se tenait toutes les mains dans les coulisses et on sortait petit à petit pour former une ligne puis un cercle qui fait une spirale et forme un escargot.

Bon, j’avoue, c’est assez difficile à expliquer ! Bref, devinez qui on a choisi pour commencer la première ? Moi ! Eh oui, c’est tout ce qui manquait ! Maintenant je devais sortir encore une fois en courant à la cinquième vitesse pour arriver de l’autre côté des coulisses ! Mon tutu coinçait dans des robes, je ne savais même pas où je mettais les pieds, j’entendais parfois des « Aie ! », « Fais attention où tu mets les pieds », mais je continuais toujours ma course, de peur d’arriver en retard !

A suivre …

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Le journal extraordinaire d’une danseuse tunisienne / 57

Mis à part le fait que je sentais que mon tutu était sur le point de tomber et que mes pointes allaient s’enlever d’une minute à l’autre à cause des rubans qui n’étaient pas assez serrés, tout se passa plutôt bien. Et après la révérence, rebelote ! Encore un sprint ! On court à travers les coulisses puis la grande salle, pour nous trouver dans la loge où se trouvaient les costumes des solistes. Cette fois-ci, j’avais bien trouvé mon tutu mais comme j’étais pressée de l’enfiler, je n’avais pas fait attention et la bretelle s’est déchirée ! C’est tout ce qui manquait ! C’était vraiment la journée des catastrophes ! Bon, au moins cette fois ce n’était qu’une bretelle pas tout un tutu, et j’avais plus de temps, il y avait la danse arabe, russe, chinoise et les colombines qui passaient avant nous. J’avais déjà vu pire ! Nadia, l’une des jumelles qui faisait avec moi les mirlitons se dépêcha d’aller appeler la couturière qui arriva en courant munie d’un fil bleu de la même couleur que mon tutu et d’une énorme aiguille dont elle se servi pour recoudre la bretelle. Cinq minutes plus tard, tout était rentré dans l’ordre, la bretelle était cousue, les pointes resserrées et la coiffe qui consistait en de petites fleurs blanches était bien fixée dans mes cheveux. On avait même eu le temps de répéter une dernière fois notre chorégraphie! Après un petit câlin spécial mirlitons, on entra toutes les trois sur scène et tout se passa sans aucun problème, on était même plus synchronisées que d’habitude ! C’est vrai qu’on formait un super trio !

A suivre …

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Le journal extraordinaire d’une danseuse tunisienne / 56

Je m’exécutai de suite, sous l’œil anxieux de mes copines. Le premier tutu resta bloqué au niveau de mes cuisses. Ça commençait bien ! Il ne me restait plus qu’une seule possibilité… Imaginez si le deuxième aussi ne m’allait pas ! Je ferais la danse des flocons avec le costume des voyous ?!

Sans perdre plus de temps, je pris le deuxième, le décrochais de son cintre, et le passais entre mes pieds …

Je le montai tout doucement, et à ma grande joie, il dépassa mes cuisses et monta ! Mes amies se mirent à applaudir et certaines sautaient de joie ! Mais c’était trop tôt pour nous réjouir…

Lorsque je passai les bretelles, je sentais qu’il y avait un grand vide entre mon ventre et le tissu qui devait s’y coller. Il était trop grand ! Mais je n’avais pas le choix, c’était ça ou rien, alors je devais faire avec ! Les 10 minutes s’étaient déjà écoulées et on nous appelait pour commencer !

Heureusement, Leila me tenait déjà mes pointes et mes protège-pointes. Je me dépêchai de les enfiler pendant qu’elle me faisait rapidement un chignon. Elle avait déjà terminé de mettre la laque mais je n’arrivais pas encore à faire les rubans de mes pointes, mes mains tremblaient encore à cause du stress, je n’arrivais plus à tenir un des rubans sans qu’il ne me glisse entre les doigts.

Leila s’occupa de le faire à ma place et une fois les rubans mis à leur place, on retourna en courant vers la scène ! On était arrivées juste à temps, la musique venait de retentir …

A suivre …

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Le journal extraordinaire d’une danseuse tunisienne / 55

Ce ne fut qu’en entendant les applaudissements du public que je m’aperçu qu’on avait terminé notre choré ! Je n’avais jamais cru que ça passerait aussi vite !

Une fois le rideau tombé, on sortit toutes de scène en courant, et on traversa les coulisses puis la grande salle à la vitesse de l’éclair pour enfin nous retrouver dans notre loge. On n’avait que 10 minutes pour nous changer et mettre nos tutus, nos pointes, et faire un chignon !

Ainsi, chacune se mit à chercher son tutu, et alors que mes copines enflaient déjà le leur, moi, je cherchais encore le mien. J’avais vérifié toutes les bretelles des tutus qui restaient et aucune ne portait mon nom ! Je commençais à stresser, plus que cinq minutes et je ne trouvais pas encore mon costume ! Essayant de me calmer, je fouillai toutes les autres loges dans l’espoir que quelqu’un l’ait déplacé, mais rien, aucune trace de mon costume ! Me voyant ainsi, affolée, le visage pâle, mes amies m’aidèrent à le chercher mais en vain ! Il ne restait plus que 3 minutes ! J’étais sur le point de m’effondrer. Je m’assis sur une chaise et essayai de me calmer. « Peut-être que l’une de nous l’a porté par erreur sans faire attention au nom qui était écrit sur la bretelle ! cria Leila »

Elles se mirent toutes à vérifier leurs bretelles, lorsque Cyrine s’exclama : «  Oh ! Je suis désolée Aicha, je crois bien que je me suis trompée, ton nom est écrit sur une des deux bretelles, mais… mon nom est écrit sur l’autre ! On a dû toutes les deux essayer le même tutu et chacune a écrit son nom sur une bretelle ! »

Je tenais ma tête entre mes mains, réfléchissant aux possibilités qui s’offraient à moi…

« Bon, dit Balkis, je crois que la seule possibilité qui te reste est d’essayer les deux tutus qui restent et d’espérer que l’un d’eux t’aille ! »

A suivre …

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