Le journal extraordinaire d’une danseuse tunisienne / 15

Quelques jours passèrent et nous voici enfin arrivés au fameux mardi. J’étais encore plus angoissée de minute en minute, si je ne travaillais pas bien cette fois-ci, c’est sérieux je pouvais dire à dieu à la danse ! Je fis donc un beau petit chignon bien haut et soigné comme l’aiment tant les professeurs de danse, faisant attention à ce qu’aucune mèche ne dépasse.

Je mis mon nouveau collant, mon justaucorps préféré, le rouge à fines bretelles, et je me dirigeais – avec ma mère bien sûr- vers l’école de danse.

Dès que je suis entrée dans les vestiaires, toutes les filles m’ont regardé avec ce méchant regard auquel je m’étais désormais habituée, chuchotant des mots que je n’arrivais guère à entendre.  Je m’étais habituée à cette scène, cette fois par contre, je restais indifférente, j’enlevais mes baskets, les troquant contre mes toutes nouvelles demi-pointes roses.

C’est là que retentit une voix inconnue derrière moi, je me retournais.

_ Tu es nouvelle ? Me demanda une jeune fille blonde au look très sophistiqué, un justaucorps bleu, sur lequel elle avait mis un cache cœur violet, le tout sur un collant vert, couvert en moitié par guêtres jaunes et pour couronner le tout elle avait mis des demi-pointes roses !  Le top cette fille !

_ Non, en fait j’ai sauté de grade car les horaires ne me convenaient plus, m’expliqu’ais-je.

_ Ah je comprends,  répondit-elle apparemment pas du tout convaincue.

_ Mais ce n’est pas encore sûre que je sois acceptée avec vous, je vais juste essayer aujourd’hui, peut-être ne suis-je pas à la hauteur, la rassurais-je.

_ On verra bien…

Sur ce, elle se retourna après avoir jeté un dernier regard sur moi et s’en alla suivie d’un long cortège de petites danseuses toutes roses!

Ça y est, il était 19h15, les filles de l’autre groupe sortent de la salle, c’était à nous !

Avant d’entrer sur scène, j’avais fait une petite récapitulation de tout ce que je devais (ou pas) faire :  » Serre tes fesses, tends tes jambes, garde ton dos bien droit, ferme bien tes cinquièmes et ne fais surtout pas attention aux méchants regard de la fille multicolore!

Allez, tu sais que tu peux le faire, m’étais-je encouragée »

Ainsi, j’entrais dans la vaste salle aux immenses miroirs, je me dirigeais vers la seule place libre que j’avais repérée, tout au fond, loin des regards…

La musique retentit, je ferme les yeux, je me concentre et pense une dernière fois à tout ce que je devais faire, et je me lançais !

à suivre…

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