Articles

Le métier de danseur

Quand on vit intensément la passion de la danse classique, comme moi et comme beaucoup de lecteurs ici, on a un jour ou l’autre l’idée d’en faire son métier, surtout autour de 10-15 ans. Quelle jeune fille n’a pas rêvée d’être danseuse soliste, en tutu, saluer après un grand ballet ou danser un grand pas de deux avec un beau partenaire ?

Ça s’appelle un rêve… très, très éloigné de la réalité. Or je pense qu’il est bon d’avoir une idée de la réalité : danseur est un métier des plus précaires.

Les danseurs sont 500 en France à en vivre, principalement en compagnies classiques, c’est-à-dire dans les divers opéras de France (dont 152 à l’Opéra de Paris).

500 ! Nous sommes 65 millions de Français. Rien que sur Passion Ballet, vous êtes 30 000 lecteurs par mois. Vous réalisez ?

Le nombre total de danseurs professionnels est estimé à 5 000  ou 6 000, qui ne vivent pas de leur art : tous ceux qui ne sont pas en compagnie sont intermittents du spectacle et travaillent en moyenne 50 jours par an. La vie de danseur intermittent du spectacle est difficile : pour garder ce statut qui permet de continuer à toucher une indemnité en période d’inactivité, il faut valider suffisamment d’heures de travail dans l’année, sinon on le perd. Trouver du travail, ça veut dire continuer à payer des cours pour entretenir son niveau (un danseur doit s’entraîner quotidiennement), payer ses chaussons, payer l’inévitable kiné ou ostéo, passer des auditions – et croyez-moi pas forcément pour ce dont vous rêviez : animation de soirées privées (mariages, fêtes diverses…), spectacles pour enfants, cabarets, parcs d’attraction (100 danseurs travaillent à Disneyland Paris), figuration ou danse dans des comédies musicales ou sur des plateaux télés… Ceux qui veulent être en compagnie peuvent tenter leur chance dans les compagnies étrangères, en Europe ou au-delà, ce qui implique de gros frais de voyage, et de tout quitter si on est embauché.

Danseur est un métier-passion. On choisit de l’exercer parce qu’on ne peut pas vivre sans, parce que c’est comme respirer, c’est indispensable à sa vie. Quand on aime la danse, mais pas tout à fait à ce point, mieux vaut choisir un parcours de danseur amateur avancé (rien n’empêche d’atteindre un excellent niveau en amateur !) et s’assurer un métier à côté. Il existe de nombreux compagnies amateurs si la scène vous attire, ça ne gagne rien ou presque mais peu importe puisque vous avez un autre métier et que la danse est un loisir.

Comme vous le voyez, les rêves de danseuse étoile c’est très beau, mais c’est de l’imaginaire. Quand on est ado, on aime bien se dire qu’il faut croire très fort en ses rêves et que si on donne tout, ils pourront se réaliser. En fait, ce n’est pas vrai… et pourtant, c’est bien d’essayer et il faut continuer. En gardant la tête sur les épaules !

 Sources :