Le journal extraordinaire d’une danseuse tunisienne / 4

Ainsi, on entra dans le bureau de la secrétaire qui commença à parler avec ma mère tandis que moi je n’arrivais pas encore à croire que c’était vrai, que j’étais bien réveillée, que ce n’était pas un rêve.

Je n’arrêtais pas de me pincer afin de me persuader du contraire.

Après quelques minutes, elle me demanda d’entrer dans la salle afin de voir avec le professeur si je pouvais commencer les cours ou pas. Tous les yeux étaient rivés sur moi, je me sentais comme une étrangère dans cette grande salle entourée de barres en fer noir et au sol en bois beige et aux murs qui, comme dans toutes les salles de danse étaient recouverts d’immenses miroirs. Je regardais mon reflet, moi, petite fille en jean et en tee-shirt dans ce bain de petites danseuses en justaucorps et collants roses  qui n’arrêtaient pas de me regarder d’un œil moqueur, se chuchotant des mots que je n’entendais pas mais j’imagine que ça ne devait sûrement pas être des compliments…

Malgré ce sentiment bizarre qui me submergeait de partout, et cette voix tout au fond de moi qui n’arrêtait pas de murmurer en disant que c’était une mauvaise idée, que c’était trop tard  et que je devais  tout lâcher et me sauver comme je l’avais fait trois ans plus tôt, je suis quand même restée confiante m’attachant à mon rêve, refusant d’abandonner alors que j’étais aussi prêt du but.

Quand enfin j’arrivais près de la maîtresse, une jeune femme plutôt âgée, aux cheveux blonds et aux yeux bleus qui me fixaient profondément me dit :

– Bonjour, comment t’appelles-tu ?

-Aicha, répondis-je d’une voix toute timide. (D’ailleurs, je ne sais pas si elle était arrivée à m’entendre tellement ma voix était basse)

– Alors, as-tu déjà fait du sport auparavant ? Continua-t-elle.

-Oui, j’ai fait de la gymnastique pendant deux ans mais j’ai toujours préféré la danse classique, répliquais-franchement.

-Parfait ! dit-elle apparemment convaincue. Alors, je crois que tu pourrais commencer la semaine prochaine mais comme tu intègres l’école un peu tard, je ne sais pas si tu pourrais faire le spectacle de fin d’année.

-D’accord, répondis-je d’un air calme, alors qu’au fond de moi, j’avais envie de sauter partout et de crier enfin : « Mon rêve se réalise ! Mon rêve se réalise ! »

Sur ce, je sortis de la salle, trop contente pour m’occuper des regards des autres, mais pas assez pour les ignorer. Néanmoins, je ne pouvais guère ressentir autre chose en ce moment là sauf de la joie, de la joie, et encore de la joie !

*** à suivre ***

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